

L'électricité en grande partie rétablie en Espagne et au Portugal après une coupure géante
L'électricité revient mardi en Espagne et au Portugal après de longues heures d'une coupure de courant "exceptionnelle", d'origine inconnue, qui a semé le chaos dans toute la péninsule ibérique.
Dans les rues de différents quartiers de Madrid, le retour du courant a souvent été accompagné dans la soirée d'applaudissements et de cris de joie des habitants, après une longue journée sans électricité, mais aussi le plus souvent sans internet et sans téléphone mobile.
Vers 05H00 heure espagnole (03H00 GMT) 92,09% de l'approvisionnement électrique national était rétabli en Espagne continentale, a annoncé le gestionnaire du réseau REE.
Au Portugal, selon le gestionnaire du réseau électrique, quelque 6,2 millions de foyers avaient de nouveau le courant en milieu de nuit sur un total de 6,5 millions.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ne s'est pas risqué à donner une explication sur les causes de ce blackout qui a débuté à 10H33 GMT lundi (12H33 en Espagne).
"Aucune hypothèse" n'est "écartée", a-t-il martelé lors d'une conférence de presse. "Jamais" il n'y avait eu un tel "effondrement" du réseau espagnol, a-t-il poursuivi, précisant que "15 gigawatts" d'électricité avaient été "soudainement perdus" sur le réseau espagnol, le tout "en à peine cinq secondes".
Son homologue portugais Luis Montenegro a de son côté évoqué une "situation grave et inédite" dont l'origine est à trouver "probablement en Espagne".
Le retour progressif à la normale a constitué une bonne nouvelle des deux côtés de la frontière, après une longue journée passée à jongler avec les difficultés, entre métros fermés, bus saturés, trains bloqués et communications extrêmement difficiles.
- Embouteillages monstres -
A Lisbonne, "j'étais au bureau quand tout d'un coup mon ordinateur s'est éteint", a témoigné auprès de l'AFP Edgar Parreira, un publicitaire de 34 ans.
"Au début on s'est dit que c'était un problème dans l'immeuble, puis on commencé à appeler nos proches et on a compris que c'était toute la ville et ensuite que ça arrivait aussi en Espagne", a-t-il ajouté.
Dans le centre de Madrid, habitants et touristes se sont réunis devant les façades des hôtels chics ou des banques, pour profiter quelques instants d'un WiFi gratuit encore alimenté par des groupes électrogènes.
En fin de journée, des milliers de personnes ont dû traverser patiemment la ville, tentant de rentrer chez elles à pied. Les grandes artères de la capitale ont été en proie à des embouteillages monstres, au milieu desquels zigzaguaient des piétons tentant de se frayer un chemin.
Mêmes scènes à Barcelone, où de nombreux habitants sont descendus dans la rue, leur téléphone à la main, en quête d'un hypothétique réseau.
De longues files improvisées se sont étirées sur plusieurs centaines de mètres aux arrêts de bus. "Regardez, la queue fait mille virages", se désespérait à Madrid Rosario Pena, une employée de fast-food de 39 ans. "J'ai déjà mis une heure et demie à arriver ici, et je ne sais pas combien il me reste encore jusqu'à chez moi..."
Quelques heures plus tard, feux tricolores et façades des boutiques se sont à nouveau illuminés, signe d'une amélioration de la situation, au moins dans la capitale espagnole.
Dans la seule région de Madrid, 286 opérations ont eu lieu pour venir en aide à des personnes piégées à l'intérieur d'ascenseurs, selon les autorités régionales.
- Trains bloqués -
Mardi matin, trois trains étaient encore bloqués en Espagne avec des passagers à bord, selon le ministre des Transports Oscar Puente.
Le trafic ferroviaire à grande vitesse doit reprendre normalement mardi matin sur plusieurs lignes principales, dont Madrid-Barcelone et Madrid-Valence, mais reste interrompu sur d'autres comme Barcelone-Alicante et entre Madrid et la Galice (nord-ouest), a écrit sur X M. Puente.
Le trafic aérien a aussi été très perturbé, notamment aux aéroports de Madrid, Barcelone et Lisbonne, selon l'organisme de surveillance du ciel européen Eurocontrol. Mais le Premier ministre espagnol a souligné dans la soirée que seuls 344 vols sur 6.000 programmés dans le pays lundi avaient été annulés.
"Il n'y a pas de problèmes d'insécurité. Notre système hospitalier marche correctement", a assuré Pedro Sanchez dans la journée de lundi, appelant les citoyens "à agir avec responsabilité et civisme". Et de fait, malgré le chaos et la confusion, l'ambiance est restée calme et bon enfant dans les rues de Madrid tout au long de la panne.
L'approvisionnement a été partiellement rétabli grâce aux interconnexions avec la France et le Maroc, et les centrales à gaz et hydroélectriques ont "été réactivées dans tout le pays", selon M. Sanchez.
Les centrales nucléaires espagnoles ont elles été mises à l'arrêt, une procédure de sécurité normale en cas de coupure d'électricité.
En Europe, une défaillance du réseau allemand le 4 novembre 2006 avait plongé dans le noir 10 millions de personnes dont la moitié en France et le reste en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Espagne, pendant près d'une heure.
Trois ans auparavant, l'Italie toute entière, sauf la Sardaigne, avait été privée d'électricité le 28 septembre 2003.
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C.Ricci--GdR